Vous pensiez que le coloriage des mandalas était une activité réservée aux élèves de maternelle ? Détrompez-vous. Le mandala est une activité spirituelle ou thérapeutique, mais assez récréative, qui permettrait d’atteindre un véritable relâchement et une réconciliation avec soi-même. J’ai toujours été fascinée par les mandalas. Et j’ai été plutôt surprise en faisant quelques recherches de voir que différents peuples les utilisent, sans avoir (peut être!) de liens entre eux.
D’où vient le mandala?
Du sanskrit
Les traditions religieuses hindouistes et bouddhistes sont à l’origine du Mandala. Mandala signifie « cercle » en sanscrit, et par extension sphère, environnement. Il symbolise l’expression de la vie, de l’unité, de l’univers et de son cycle.

La construction du mandala est en elle-même une pratique spirituelle.
Au Tibet, les moines bouddhistes méditent et prient afin de renforcer l’esprit d’éveil et bénir le mandala, qui sera offert aux Bouddhas et à l’univers. Le mandala peut être en 3D, par exemple sculpté dans le beurre de yack. Ou en deux dimensions, composé de sable coloré déposé à même le sol. Il faut parfois des jours, voire des semaines pour le construire. Le mandala est ensuite « détruit » et le sable est rassemblé devant tout le monde pour une offrande spirituelle à une divinité.
Les mandalas nous rappellent que tout est éphémère…
Etrangement, on retrouve des pratiques tout à fait comparables chez les Indiens d’Amérique: plusieurs tribus, en particulier les Navajos, réalisent des mandalas en sable sur le sol pour invoquer les forces de la nature et obtenir une guérison.

Les peintures Thangka que vous pouvez acheter lors de vos voyages en Asie représentent généralement des mandalas mystiques symboliques des divinités du bouddhisme tibétain ou de la religion bön. Ils servent le plus souvent de support à la méditation.

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En Inde

On trouve aussi ces pratiques en Inde, dans l’hindouisme avec les rangoli et les kolam. Souvent, ce sont les femmes et les jeunes filles qui dessinent ces motifs de sable sur le seuil pour attirer les bons esprits dans la maison. Vous pouvez voir des rangoli à Little India à Singapour, à l’occasion par exemple de la fête de Deepavali.

Le jaïnisme : les yantra
Dans le jaïnisme, les yantra sont des dessins colorés et artistiques sur du papier de riz. Ils servent de support à la méditation.

Et en Europe ?
Hildegarde de Bingen, religieuse bénédictine allemande et érudite, a exposé ses idées en visions cosmiques en utilisant les mandalas. Elle est la quatrième femme reconnue docteur de l’Église après Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila et Thérèse de Lisieux. Cette distinction est la plus haute de l’Église catholique, affirmant ainsi l’exemplarité de la vie mais aussi des écrits d’Hildegarde comme modèle pour tous les catholiques.

Le mandala rappelle aussi les rosaces en vitraux des églises.

L’inconscient en ordre de mandala
En psychanalyse, selon Carl Jung, psychiatre fondateur de la psychologie analytique, le mandala a pour fonction d’attirer intuitivement l’attention sur certains éléments spirituels, par la contemplation de l’ensemble et la concentration autour du centre. Jung pense que l’inconscient tourmenté peut même générer spontanément des mandalas. Ces derniers « symbolisent la descente et le mouvement de la psyché vers le noyau spirituel de l’être, vers le Soi, aboutissant à la réconciliation intérieure et à une nouvelle intégrité de l’être. »
En gros, le bazar dans ta tête arrive à s’ordonner en se calquant sur l’ordre d’un mandala.
Il parait que Jung lui-même effectuait chaque matin un de ces dessins pour prendre conscience de ses émotions de l’instant. Il l’aurait aussi utilisé pour le traitement de malades schizophrènes.

Vous n’êtes pas artiste ? Vous ne savez pas dessiner ?
Pas de problème : il suffit de colorier à l’intérieur des formes géométriques qui s’enchevêtrent. La forme globale du mandala est circulaire mais les détails à l’intérieur de celui-ci peuvent très bien être formés de carrés, d’ovales ou de triangles.
Le ressenti joue un rôle important pendant le coloriage : pas de modèles à suivre ou de couleurs imposées. Tout dépend uniquement de votre humeur. Il est même conseillé de ne pas réfléchir trop longtemps sur l’harmonie des couleurs. Suivez votre instinct sans vous poser de questions sur la finalité.

Il est rare d’ailleurs que le résultat esthétique soit décevant. En général, vous vous sentirez fier et heureux.
Marie-Hélène Mansard