À Singapour, l’été 2020 s’est étiré en longueur…L’occasion de poursuivre de nouveaux projets et de réaliser enfin des objectifs en attente depuis longtemps. Pendant que certains faisaient le tour de l’île à vélo, d’autres pratiquaient la méditation ou la poterie, certains s’initiaient à l’art ancestral de la dégustation du thé…
…et Marie Dailey triait ses photos.
Le résultat est un livre magnifique sur le Singapour des uncles et des aunties intitulé Daily Singapore (le jeu de mot ne vous a pas échappé). Le livre témoigne d’une grande sensibilité aux couleurs de Singapour à travers l’œil de Marie.
Nous avons interviewé Marie chez elle, entourée de ses photos, les épreuves de son livre sur la table.
Pourquoi Daily Singapore ?
Je vis à Singapour depuis 2006 et la photographie est ma passion depuis le jour où j’ai reçu mon premier appareil un Agfa HAPPY pour ma première communion.

Dans mes photos, ma démarche artistique est de montrer le beau dans le quotidien et le populaire. Je recherche aussi à documenter l’essence de Singapour : ses HDB et les papis qui y habitent.
On me demande parfois si mes photos ont été prises en Chine mais non. Cela prend beaucoup de temps mais en approchant les gens d’ici, on se rend compte qu’ils sont très accueillants et on fait des rencontres incroyables !
Comment est née cette envie de montrer le Singapour populaire ?
Au bout de quelques années ici, entre mon travail d’enseignante et la vie de famille, j’ai remarqué dans le quartier de Serangoon Garden que les petites maisons disparaissaient. Et donc, la vie des gens que l’on voyait aller et venir et vivre dans ces maisons disparaissait avec. Et cela m’a donné envie de les documenter. Aussi, j’ai accueilli à la maison pendant plusieurs semaines une ancienne élève. Et j’ai souhaité lui montrer autre chose que le Singapour aseptisé que l’on imagine quand on vient d’ailleurs. C’est ainsi que je suis partie à la découverte de la vie des uncles et aunties, des HDB et des endroits insolites de Singapour fréquentés par les Singapouriens.
Il faut être patient et ne pas hésiter à pousser les portes. Et les relations humaines ici sont simples et d’une grande générosité.

Quelles sont tes deux photos préférées ?
Marcel et Francis : les deux uncles qui font la couverture et la dernière photo du livre.
Ces deux papis illustrent précisément ce que je cherche à montrer : le caractère unique d’une personne dans ce qui est banal.
Le premier nous tourne le dos en marcel une cigarette à la main. Il est à l’entrée d’un temple. J’ai d’ailleurs prévu un second livre regroupant mes photos des célébrations dans les lieux de cultes de Singapour.
Et le second c’est Francis ! Il nous regarde par-dessus son journal avec son sourire, son ventre à l’air et son kopi dans sa boite de lait concentré à côté de lui.
D’ailleurs, je prends mes photos sur le vif et ne demande ni de poser ni l’autorisation de prendre la photo. En revanche, je ne me cache pas et on peut toujours refuser la photo.
Marcel m’est particulièrement cher car c’est en offrant cette photo à une amie que l’aventure a vraiment démarré.

Quelle aventure ?
Mon aventure de Photographe avec un grand P! J’ai eu beaucoup de demandes de tirage suite à cette photo et j’ai alors fait une exposition puis créé mon site de photographies. Et cet été, j’ai décidé de préparer ce livre avec la talentueuse graphiste Lola Jolivet. De plus, j’ai prévu d’en réaliser trois autres sur des thèmes différents : Harmony and Diversity, Singapore Heritage et Singapore Glamour.
Dans ton livre, il y a une série de photos sur les sources chaudes de Singapour. Peux-tu nous raconter pourquoi tu t’y es intéressée ?
Sembawang Hot Springs, des sources chaudes et sulfureuses, était un endroit très atypique à Singapore. J’ai pris mes photos avant que le lieu soit rénové l’an dernier. Elles sont désormais plus faciles d’accès, les bassines sont en bois et les seaux en plastiques troués ont disparu ! Elles sont aussi beaucoup plus fréquentées mais ont perdu leur caractère suranné. J’y ai passé des heures. Les personnages de mes photos sont des habitués qui viennent (ou venaient) tous les jours très tôt pour profiter des bienfaits de l’eau chaude. Ils se baignent dans des bassines en plastique, se frottent le visage avec l’eau et se sèchent paisiblement au soleil en prenant les poses que l’on peut voir dans le livre.

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Pour les photographes parmi nos lecteurs, quel appareil utilises-tu et quelles sont les meilleures heures pour photographier Singapour ?
J’utilise un CANON 5D et dernièrement un Leica M10. Je ne retouche quasiment pas mes photos. Je conseille de se lever tôt pour profiter de la lumière du matin. Le soir à partir de 17h est aussi un bon moment De 10h à 17h, il fait trop chaud pour se promener et la lumière est trop crue.
Comme nous, vous pouvez suivre le travail de Marie Dailey sur Instagram.
La publication de ce livre est une véritable récompense pour tous ceux qui la suivent.
Nous attendons les livres suivants.
Le second rassemblera d’impressionnantes images de célébrations Taoïstes, de Thaipusam etc… Dans le troisième nous savons déjà qu’il y aura des photos d’artistes de l’opéra chinois.
Et dans le quatrième, Marie nous surprendra avec un Singapour glamour .
Marie est enseignante à l’IFS. Elle a habité à Taiwan, Jakarta, San Francisco, Minneapolis, Boston. La photographie fait partie intégrante de sa vie depuis ses 11 ans et son premier appareil! Elle est fan de Robert Cartier-Bresson et d’ Alex Webb.

Valérie Mahieddine
Le livre Daily Singapore est disponible ici et allez faire un tour sur le site de Marie. N’hésitez pas à la contacter par email pour avoir des informations supplémentaires à mariedaileyphotography@gmail.com.
Des copies seront disponibles à la galerie au 37 Jalan Chulek 557467 et dans d’autres lieux qui seront annoncés ultérieurement sur les réseaux sociaux sinon les livres commandés peuvent être livrés.
En ce moment et jusqu’au 15 novembre, jour de la sortie du livre, une réduction de 10% est offerte sur l’achat d’une photo avec l’achat préalable d’un livre. Profitez-en!
Super article ! Je suis fan de Marie et de son travail ! J’ai déjà son livre, et il est beau !
Merci Colin pour votre témoignage. Nous aussi nous aimons le travail de Marie et avons hâte de recevoir le livre.