Elsa Zylberstein est à Singapour pour le French Film Festival de Voilah!, l’occasion de présenter Simone, le voyage du siècle d’Olivier Dahan et Champagne de Nicolas Vanier.

Nous l’avons rencontrée à l’Alliance dans le merveilleux décor de l’expo Iconic qu’elle aurait pu inspirer…So chic, tellement française.

Nous sommes revenus rapidement sur sa carrière avant d’aborder son film Simone, le voyage du siècle qui a déjà fait battre le cœur de plus d’1,7 million spectateurs en France.

Il y a des films qui sont de vraies étapes dans une carrière. Si vous deviez en retenir trois qui ont articulé votre parcours?

D’abord en 1992, Van Gogh; Maurice Pialat, cet immense réalisateur, me confie le rôle de la prostituée. Le film a un destin extraordinaire, il va à Cannes, je suis nominée pour les Césars… Je peux dire que Pialat m’a donné naissance au cinéma.

3 ans après, je joue en duo avec Romane Bohringer dans Mina Tanenbaum de Martine Dugowson. L’opportunité pour moi de jouer un rôle fort, avec beaucoup de couleurs, qui m’a permis d’explorer tous les genres et de ne pas m’enfermer dans des rôles de jeune première.

Et enfin en 2010, Il y a longtemps que je t’aime, un film de Philippe Claudel dont j’avais lu les romans et que j’ai poussé à écrire pour le cinéma. J’incarne une femme qui accueille sa sœur, tout juste sortie de prison. Un second rôle complexe, tout en silences et en douleurs pour lequel j’ai reçu un César.

Nous voici en 2022 avec la sortie de Simone. C’est un projet que vous portez depuis de nombreuses années et dont vous aviez parlé à Simone Veil. Avait-elle émis des réserves, des recommandations?

Je n’ai pas le droit de partager ce qu’elle m’a dit. Je peux juste vous dire que je l’ai rencontrée à plusieurs reprises.  Je pense qu’elle m’avait choisie sans le dire. Il y avait comme une reconnaissance inconsciente et mutuelle. En tout cas, quand vous avez croisé Simone Veil et ses amies des camps – Marceline Loridan et Ginette Kolinka – , vous comprenez très vite à quel point elles sont obsédées par la transmission. Et ce film y participe.  Aujourd’hui la famille Veil dont je suis proche en est heureuse, adore le film et l’a même vu déjà trois fois!

Le public français est conquis aussi. On l’entend dire que ce film est nécessaire. En quoi l’est-il? Nous avons déjà de très nombreuses ressources pour comprendre l’itinéraire et les combats de Simone Veil?

La réponse est très simple ; c’est beaucoup plus facile de rentrer dans un film que dans un livre d’histoire. Ce qui me sidère, c’est les 60 messages que je reçois tous les jours « merci pour la transmission », « merci de l’avoir fait ». C’est toute cette jeune génération qui m’écrit et qui est emballée, qui découvre une femme extraordinaire, un parcours hors norme, des combats encore d’actualité.

Pourquoi les jeunes, sont-ils à ce point touchés?

Parce que Simone, c’est l’histoire d’une résilience. Elle sort des camps en 45, elle se marie en 46, elle choisit la vie. Sa vie est un chemin extraordinaire, de l’enfer à la lumière. Et ça, c’est universel, ça parle aux ados qui parfois sont en souffrance et qui ont besoin d’espérer. Simone sera peut-être le film de leur génération comme Le pianiste ou même La liste de Shindler a été celui de la précédente.

S’il y avait une parole de Simone Veil à retenir, laquelle retiendriez-vous?

Difficile de ne retenir qu’une parole…Tous ses discours sont importants. C’est aussi l’attitude qu’il faut retenir car Simone Veil était à la fois combative, puissante, humaine, généreuse mais aussi pragmatique, elle était dans le « faire ». Cette femme m’a sidérée jusque dans façon de faire de la politique. Elle a utilisé tous ses postes, toutes ses positions pour faire du bien aux autres. 

Deux questions pour conclure notre entretien…

A Singapour Live, nous avons un personnage qui traverse nos articles.  C’est Sam Sool, notre ado de 15 ans, un peu ramollo qui ne regarde plus que des séries…Comment le faire revenir au cinéma?

Tant pis pour lui, s’il préfère les séries et le coca ! Mais passer à côté du cinéma, c’est passer à côté de grandes émotions. Je regarde moi-même des séries, j’ai adoré Homeland, Downtown Abbey, le story telling est très bon et j’ai pu être addict mais je n’ai jamais vécu cette émotion propre au cinéma ; du souffle, du romanesque, de la communion !

Vous êtes arrivée hier soir à Singapour, vos premières impressions?

Difficile, car je n’ai pas encore vu grand-chose de Singapour et c’est ma première fois ici. Mais déjà, je peux vous dire que l’Andaz où je loge est magnifique.  De ma chambre, je vois quelques buildings dont l’architecture est bluffante. Pour ce qui est de l’esprit du pays, je le sens plein de paradoxes, à la fois des interdits mais aussi une certaine magie.  J’ajoute que j’ai été très bien accueillie par l’ambassade et l’Alliance Française et que j’ai déjà eu la joie de rencontrer les réalisateurs singapouriens…Une occasion pour moi de connaitre le cinéma d’ici.

Avant de nous quitter, Elsa Zylberstein  nous  a fait
un petit cadeau…Des vœux pour les 4 ans de Singapour Live.

Nous remercions Elsa Zylberstein pour le temps qu’elle nous a consacré et l’Alliance Française pour l’organisation de cet entretien.

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