Aujourd’hui, toute l’équipe de Singapour Live se joint à moi pour vous souhaiter un joyeux anniversaire (en avance), Jean-Jacques Annaud.
Notre presque tête-a-tête m’a enchantée, quelle joie de vous avoir rencontré!
Mon cher Jean-Jacques,
Nous aussi, avons passé un moment délicieux en votre compagnie. À refaire? Mais oui bien sûr! Que de points communs nous avons! Que de raisons pour se connaître davantage!

Enfant, votre premier doudou, c’est une camera en 8 mm, et vous allez l’apprivoiser pour filmer… une église, dans ce qui sera votre premier film. Mais d’où vous vient cette obsession pour les lieux de culte, vous qui êtes athée?
Vous nous dites tout votre amour pour les clochetons, les cathédrales, et tous types de rituels immémoriaux. En nous racontant votre goût pour les édifices religieux, chargés d’histoire et porteurs de milliers d’heures de recueillement, vous vous livrez avec une vibrante émotion.
Ce feu pour le sacré, il se transforme en sacrement dans votre histoire de silex. Un autre feu qui nous ramène à notre histoire, celle des hommes et de la nature. Les jeunes hommes des années 80 vous remercient encore d’avoir osé mettre en scène l’effervescence du désir préhistorique qui s’annonçait sans aucun préliminaire. Vous avez remis à la mode le rapport « droit au but ». Qui n’a pas dans son cortex à l’évocation du paléolithique, une image instantanément reliée à La guerre du feu, et donc vous?
Des femmes asiatiques vous ont arrêté dans la rue à maintes reprises en vous remerciant, toutes rougissantes, d’avoir bien voulu contribuer à leur éducation sexuelle. Mais pensez un peu à toutes celles qui n’ont pas pu avoir d’Amant! Amant asiatique en l’occurrence. Vos plans en vue inclinée sur le postérieur de Tony Leung Ka-Fai méritaient pleinement de passer à la postérité. N’auriez-vous pas reçu des lettres de regrets quant aux plans en contre-plongée qui auraient été coupés au montage?!
Prendre conscience du climat indochinois, de la sueur tout autant que des bouffées de désirs exotiques, a permis un essor formidable du tourisme dans la région. Pour le Vietnam, ok, mais c’était difficile d’aimer le Tibet en tant que tel, vu l’acharnement de nos voisins pour en faire leur aire de jeux. C’est Brad Pitt qui a voulu vous rencontrer et cette collaboration nous a permis d’en apprécier les charmes!
Vous vous souvenez volontiers de votre récente expatriation chinoise, et vous décrivez belles surprises et amitiés. On vous croit parce que vous êtes charmant de vitalité dans vos évocations de scènes de la vie quotidienne pékinoise. Vous avez pris beaucoup de plaisir à arpenter le pays. Documenté sur des blocs entiers de culture millénaire, vous vous montrez intarissable sur la poésie et le potentiel créateur. Bon, notre champ lexical est plus sévère, entre répression, disparitions et surexploitation des ressources. Mais on boit vos paroles de globe-trotteur, on ne veut pas gâcher ce moment bucolique.
Vous avez voulu capturer un peu de la beauté sauvage des paysages, sans rentrer dans aucune considération politique. Les steppes de Mongolie Intérieure nous auront bel et bien émerveillés; tant et si bien que, de notre divan, devant 7 ans au Tibet, nous en avons ressenti des bourrasques de vent dans les cheveux. Si, si.
Le voyage fait partie de votre histoire. Votre valise aura roulé dans les wagons et de par les rails – merci papa – pour ensuite affronter tous types de décalages horaires. Sillonnant la planète depuis les années 60, quand vous vous préoccupiez de films publicitaires, vous avez établi domicile ailleurs en Europe, aux Etats-Unis. Vous savez ce que c’est d’être un français de l’étranger.
Vous frétillez devant une idée nouvelle au beau milieu du quotidien, et stoppez tout pour la griffonner. Votre mental est surchargé de schémas pour installer les caméras et croiser les champs de vision. Hauteur, largeur, espace en profondeur sont utilisés pour ne rien perdre de l’émotion de la première prise. Les images se superposent, 3 D ou autres procédés techniques toujours à la pointe de la technologie. Rien ne vous arrête… vous osez la liberté de ton, voire l’arrogance, vous imposez vos choix, vous suivez votre intuition.
Contraint à sortir de France pour trouver du financement, vous vous entêtez jusqu’à épuiser 16 versions pour parvenir au scénario final du Nom de la Rose auquel personne ne croyait. Qui aurait cru que l’on pouvait reclasser Sean Connery-agent secret en curé médiéval? On vous adore pour cette ténacité.
Quelle spontanéité dans vos élans de curiosité; il fallait assumer de mettre l’Ours sur une affiche et d’asseoir neuf millions de français dans le noir pendant 96 minutes. Vous êtes une aventure à vous tout seul! Tout votre être est en mouvement pour essayer, tenter, tester. On emporte avec nous l’image d’un homme libre qui ne cesse de vouloir construire du rêve caméra à l’épaule.
Accompagnant votre dernier film, Notre Dame brûle, commande d’un géant de la production française, qui rend hommage aux combattants du feu, vous êtes venu nous rappeler de protéger les trésors des temps passés. C’est en se documentant sur hier que nous pouvons mieux construire demain.

Merci Mr Annaud de vous éloigner ainsi du réel en multipliant les séquences pour nous révéler la poésie du monde.
Merci à notre conseiller culturel et merci à notre ambassade d’avoir rendu possible ce moment d’exception.
Amélie