Ou les tribulations d’une jardinière en herbe à Singapour.
Saviez-vous que quand il fait trop chaud les fleurs de tomates deviennent infertiles? Ce n’est pas simple de se lancer dans le jardinage à Singapour. Et pourtant, les jardiniers ont fleuri ces deux dernières années. Dont moi! Alors pour les tomates, on fait quoi?
Un balcon-jardin, ça déconfine!
Voltaire nous le dit dans Candide : « Il faut cultiver notre jardin ». Et nous avions déjà des plantes et des herbes aromatiques sur nos balcons. Mais l’engouement de faire pousser SES plantes sur SON balcon n’a jamais été aussi IN que depuis 2020. Le moment ou l’île s’est refermé comme une huître.
Saviez-vous que le National Parks Board encourage les Singapouriens à s’investir dans la culture de plantes alimentaires que ce soit sur balcon ou dans des community garden? Ainsi dans le cadre de l’initiative Gardening with Edibles, NParks a distribué gratuitement 860 000 sachets de graines depuis Juin 2020. Un des buts est d’inciter la population à produire et à consommer à long terme un pourcentage de ses légumes.
C’est bon pour le moral!
Une étude NParks de 2021 a démontré que ceux qui jardinaient régulièrement avaient une résilience mentale plus élevée… Et de la résilience et de la patience nous en avons bien eu besoin ces derniers temps.
Je voudrais changer les couleurs du temps…
Et donc, je me suis lancée. J’ai fait un tour aux serres de Thomson Road et je me suis équipée, car je n’allais pas commencer comme un amateur à faire pousser des graines dans un pot de yaourt. Chéri dubitatif m’a suivi dans l’expédition. Depuis 25 ans de vie commune, il sait reconnaître les moments où toute résistance est inutile. Comme quoi pas besoin de jardinage pour accepter ce qu’on ne peut pas influencer. L’effet Zen escompté était d’égrainer le temps sur mes quelques m2 de balcon… J’allais pouvoir mesurer le temps, regarder germer et grandir mes pousses, découvrir leurs premières fleurs et 60-90 jours plus tard récolter les fruits de mon labeur…En théorie!

Sous le soleil exactement
C’était compter sans le climat et les températures toujours estivales de Singapour. Ici il fait toujours chaud, très chaud, voire trop chaud.
Un balcon présente quant à lui des caractéristiques climatiques uniques. La chaleur qui se dégage des murs du bâtiment augmente encore le niveau de chaleurs pour mes pousses. En bref, un climat totalement différent pour mes plantations en herbes que celui en Europe.
Tomate chérie, mon amour
Mon choix s’est porté sur la tomate. Pourquoi? Et bien, simplement pour moi, les graines de mes tomates du wet-market c’était écolo : circuit court, pas de sachet et disponible immédiatement.
Les débuts ont été prometteurs. Trois semaines plus tard les premiers germes étaient là. Un mois plus tard j’ai rempoté les plus valides dans des grands pots avec un terre de jardinage préparée au préalable.
Singapour regorge de site facebook de home gardener. Le meilleur engrais est selon eux, un mélange de coquilles d’œufs, peau de bananes et marc de café. Ces ingrédients sont pillés, puis macèrent pendant 4-5 semaines dans un container avant d’être rajoutés à la terre.
Là encore, le succès était au rendez-vous. En quelques semaines de jolis grands plants de tomates faisaient écran sur mon balcon. Mais il fallait les arroser 3 fois par jours!!!
Comme pour les gamins, c’est plus compliqué quand ils grandissent.
Pas de puberté chez mes plants de tomates… mais des petits pépins ou plutôt leur absence. Mes fleurs de tomates fleurissaient à profusion puis tombaient. Je me suis donc lancée dans une recherche internet pour connaître l’origine de mon malheur. La réponse à mon problème : la chaleur. Saviez-vous que quand il fait trop chaud les fleurs de tomates deviennent infertiles ?
Lancer ses plantations en avril est donc une fort mauvaise idée. Mieux vaut le faire durant la mousson d’hiver à partir d’octobre… Quand les températures sont plus fraiches…30°C au lieu de 33°C! Et moi qui pensait qu’il n’y avait pas de saison.
Les moucherons blancs.
Sous les feuilles de mes charmantes tomates (forcément, on s’attache) horreur: une multitude de moucherons blancs et leurs œufs. Qu’à cela ne tienne, les groupes FB sont mes amis et « tac » je vaporise un mélange d’eau (beaucoup), d’huile végétale (un tout petit peu) et du savon liquide (un chouia). Merci qui?
Ça porte fruits
Et finalement mes efforts ont porté fruits. Pendant huit semaines, j’ai récolté des tomates.

Chéri, j’ai rétréci les tomates
Mais ce qui avait commencé avec un belle grande tomate bien ronde, bien rouge a enfanté des mini tomates cerises. Sans le vouloir, j’avais rétréci mes tomates…et là, je cherche encore!

Mon prochain défi : les aubergines. Les fleurs sont là…

Et vous quelles ont été vos experiences? N’hésitez pas à les partager avec nous.
Caroline Carfantan