Singapour Live a rencontré Véronique Denis-Pelliet, la Présidente des Conseillers du Commerce Extérieur de la France pour Singapour. Véronique vit et travaille en Asie depuis près de 20 ans. Elle partage avec nous son parcours et aussi sa mission à la tête des CCEF de Singapour.
L’arrivée en Asie
SL : Dans quelles circonstances es-tu arrivée en Asie ?
VDP : J’ai suivi mon époux à Singapour en 1998 avec une petite fille de cinq semaines, j’étais en congés maternité, j’ai ensuite bénéficié d’une période de disponibilité de mon employeur, France Telecom à l’époque. Ensuite, je travaille pour Singtel jusqu’en 2001, dans un poste commercial. Je suis la seule occidentale, pas facile de s’adapter, d’abattre une masse de travail et de retenir les noms de mes collègues ! Mon fils est né à Singapour.
Puis je reprends mon travail pour Orange en France de 2001 à 2005. Ma deuxième fille est née en France.
En 2005, je suis à nouveau mon époux, cette fois en Chine, toujours en mission pour Orange. J’arrive à Shanghai avec 3 enfants. Je resterai 10 ans en Chine.
Je retourne à Singapour en 2015, à l’occasion d’une mutation dans la société que j’ai rejoint entre temps.

Le dynamisme de l’Asie
SL : Qu’apprécies-tu dans le fait de travailler en Asie ?
D’abord le dynamisme, cet esprit « tout est possible » : on ne regarde pas en arrière, on va de l’avant, on peut trébucher, mais on se relève et on continue. C’est une proactivité permanente, pas de jugement face à l’échec.
Et surtout, j’apprécie beaucoup l’environnement multiculturel que j’ai trouvé à Singapour mais aussi en Chine, où chaque province a sa culture.
Il faut être adaptable, surtout en Chine où les exigences sont très élevées. J’ai d’ailleurs appris le chinois avant de partir en Chine car je savais que j’aurais une nounou qui ne parlerait pas anglais et qu’il faudrait pouvoir communiquer avec elle. J’ai travaillé mon chinois tous les jours pendant 10 ans, dans les transports, en plus des cours que je prenais. C’est une langue passionnante.
Les missions des CCEF
SL : Qu’est-ce que le réseau des CCEF (Conseillers du Commerce Extérieur de la France) et quelles sont ses activités ?
C’est un réseau de bénévoles (nommés officiellement par le gouvernement français) qui partagent leur expérience et leur expertise du pays où ils se trouvent pour soutenir le commerce extérieur de la France. Il s’agit de promouvoir la France en dehors de ses frontières. Les CCEF ont 4 missions essentielles :
- Conseiller les pouvoirs publics, les assister pour recevoir les élus, les parlementaires, les délégations. Les CCEF soutiennent le commerce extérieur.
- Favoriser l’attractivité de la France auprès des acteurs locaux, des investisseurs, aussi favoriser des partenariats avec les entreprises françaises.
- Fournir des mentors aux entreprises qui souhaitent s’installer à Singapour, les start-ups en particulier.
- Favoriser l’emploi et la formation des jeunes français, avec les VIE, en soutenant les relations et les échanges avec les universités françaises

L’attractivité de la France
SL : Quels sont les atouts de la France appréciés par Singapour ?
La France est une grande puissance économique, assez incontournable.
Le luxe est un des pôles d’attractivité avec de gros fleurons comme Kering ou LVMH, qui véhiculent un savoir faire et proposent une grande variété de marques.
Et bien au-delà, il y a la French Tech : la France est réputée pour ses très bons ingénieurs et leurs compétences en recherche et développement, en innovation.
Enfin, le développement durable, avec des grands groupes qui ont développé des programmes exemplaires, comme Engie.
Par ailleurs, la France dispose de main d’œuvre et d’infrastructures de qualité accessibles à qui veut investir en France.
Et il y a aussi les entrepreneurs français qui ont créé des sociétés réputées à l’étranger comme International SOS ou Virtuos, qui sont de bons exemples de réussite des français de l’étranger.
Le développement de la communauté française à Singapour est passé de 3000 personnes en 1998 à mon arrivée à plus de 12000 aujourd’hui.

Devenir CCEF
SL : Quel a été ton premier contact avec les CCEF ? Comment devient-on CCEF ?
On devient CCEF par cooptation. Vous êtes invité à poser votre candidature. Lorsque j’étais en Chine, j’ai été approchée par le conseiller économique de l’ambassade de France en Chine à propos des télécoms, car j’aidais déjà bénévolement les sociétés qui me contactaient.
J’y ai vu un moyen de renouer avec la France et j’ai rejoint la sous-section des CCEF de Shanghai.
C’était une période compliquée, avec le début des lois anti-corruption en Chine, la difficulté de lancement des plateformes de e-commerce, le niveau de pollution élevé avec encore trop peu d’initiatives dans la protection de l’environnement ou le développement durable. J’y ai trouvé une communauté soudée, avec beaucoup d’entraide.
Votre mandat de CCEF vous suit, donc j’ai rejoint les CCEF de Singapour en 2015 à mon retour.
SL : Quels sont tes objectifs en tant que présidente des CCEF de Singapour ?
D’abord créer un esprit d’équipe car nous sommes 57 en tout, et ce n’est pas facile de créer des liens en cette période de COVID.
Ensuite, continuer à développer les chantiers en lien avec nos missions : développement durable, agro-alimentaire, innovation, éducation, e-commerce etc.
Activités et bonnes adresses de Véronique à Singapour
SL : En dehors de ton job et de la présidence des CCEF, tu as le temps de faire autre chose ?
J’ai trois enfants, dont deux hors de Singapour, donc comme pour beaucoup de parents, c’est une charge mentale importante.
J’aime beaucoup l’art contemporain, donc je visite beaucoup de galeries. D’ailleurs je voudrais donner un coup de chapeau à Cuturi Gallery, j’apprécie beaucoup Kevin Troyano Cuturi, son goût très sûr, sa passion, et le concept d’artistes en résidence qu’il a mis en œuvre. Il faut encourager ce jeune papa !
Le sport m’aide beaucoup à avoir de l’énergie dans cette période COVID : je fais de la course à pied, de l’aquabike et je nage. J’aime essayer de nouvelles choses : j’ai testé le yoga volant, c’est très amusant.
SL : Quel est ton endroit préféré à Singapour ?
Le jardin botanique. C’est un poumon de nature et de verdure luxuriante. Après la Chine où la nature est grise du fait de la pollution, j’aime m’y ressourcer.

SL : Ton restau préféré ?
Rien en particulier. J’aime découvrir de nouveaux restos. Sortir à Dempsey Hill est toujours un plaisir, on y trouve toujours une bonne cuisine.
SL : Ta ballade préférée ?
Sans hésiter le jardin botanique pour ses odeurs et le bruit des oiseaux. Aussi le Greenwood park, le Mac Ritchie park et le cimetière de Bukit Brown. En vélo, le Green Corridor.
Propos recueillis par Marie-Hélène Mansard, nouvellement nommée Conseiller du Commerce Extérieur de la France
L’équipe des CCEF de Singapour est ici: https://singapour.cnccef.org/comite-cce-singapour-et-les-membres/
Cet article fait partie de notre série consacrée aux personnalités françaises remarquables établies à Singapour. Retrouvez- les ici