Riches en couleur, les petites figurines de Bommai Golu sont très décoratives. Elles sont exposées dans certains foyers indiens à l’occasion du festival de Navaratri. Un peu comme des santons, vous pouvez en faire la collection!

Etalage de figurines à Campbell Street – Photo de l’auteur

L’Inde, pays de contraste, possède l’une des cultures les plus variées et riches au monde. Pour la découvrir, les différent festivals offrent une une opportunité unique. Car tout au long de l’année suivant les régions, ethnies et religions, il y a toujours un festival à fêter. Il en est de même à Singapour où les différentes communautés Indiennes (Tamouls, Malayalees, Bengalis, Telegus ou Punjabis pour n’en nommer que quelques unes) fêtent leurs différents festivals.

Un de ces moments festifs est Bommai Golu.

Le festival de Bommai Golu

À Singapour, du 17 octobre 2020 au 25 octobre 2020, les déesses sont à l’honneur dans les les foyers tamouls, télougous et kannadigas. Le festival qui leur est dédié s’appelle Bommai Golu (Présence divine) en tamoul, Bommala Koluvu (Cour des jouets) en telegu et Bombe Habba (Festival des figurines) en kannadiga.

Bommai Golu et Navaratri

Bommai Golu est célébré chaque année dans le cadre du festival Navaratri. Le mot Navaratri signifie littéralement neuf nuits en sanskrit – nava : neuf & ratri : nuits. Les neuf nuits du festival sont consacrées aux différents aspects de la puissance divine féminine: Shakti. Shakti est l’énergie cosmique primordiale, la puissance sous-jacente de la création et de son existence.

Durant le festival de Navaratri, trois formes de Shakti sont vénérées. Les trois premières nuits sont consacrées à la déesse Durga. Les trois nuits suivantes honorent Lakshmi, la déesse de la richesse, de la fortune et de la prospérité. Et les trois dernières nuits célèbrent Sarasvatî, la déesse de la connaissance, de la sagesse et des arts. Les trois déesses étant l’essence même de pouvoir, de richesse, de prospérité et de connaissance.

La déesse Lakshmi – Photo de l’auteur

A quoi ressemblent ces figurines ?

Elles sont en argile, terre cuite, en bois ou papier mâché. Elles représentent des personnages ou des scènes célèbres de la mythologie indienne comme le Ramayana, les Puranas ou le Dashavataram. Elles permettent de revisiter les enseignements tirés de ces histoires intemporelles et séculaires.

Mais les figurines ne se limitent pas qu’aux personnages mythologiques. Elles illustrent également des scènes de la vie quotidienne ou représentent des célébrités.

Arrangement et décoration

Dans un premier temps, il faut leur faire de la place dans le salon. Puis on installe un ensemble de marches sur plusieurs niveaux à nombre impair : trois, cinq, sept ou neuf. – Les nombres impairs étant de bonne augure dans la tradition hindoue. Ces marches peuvent aussi être interprétées comme les différents échelons que nous prenons au cours de  notre vie… 

Recueillement et prières – photo de l’auteur

Dans un agencement conventionnel les dieux et déesses seront placés tout en haut, alors que sur les échelons inférieurs on trouvera des figurines humaines représentants des commerçants, une scène de mariage, des écoliers, une parade de soldats, des joueurs de cricket etc…. La créativité des artisans est sans limites.

Écoliers au premier plan, jeunes filles jouant au pachisi (jeu des petits chevaux en arrière plan. – Photo de l’auteur

L’arrangement et le choix des figurines Golu est un art en soi. Beaucoup de ses figurines ont été transmises de génération en génération. Chaque maitresse de maison y ajoute sa touche personnelle et comme le veut la tradition ajoute une nouvelle figurine à son ensemble. 

Un mariage – Photo de l’auteur
Et les convives – Photo de l’auteur

Où les acheter sur notre petite île?

Jothi, Campbell Lane… Photo de l’auteur

A Singapour, on trouve des figurines devant le magasin Jothi sur Campbell Lane. Attention, plus Navaratri approche, moins il y a de choix. Les étalages se vident. Et c’est encore plus vrai en cette année particulière où il n’y a pas quasi aucun stock. Ce qui signifie qu’une fois un lot ou une figurine sera vendu… il ou elle ne sera pas remplacé. On peut également les commander sur le net.  

L’embarras du choix … Photo de l’auteur

Le Golu hopping : les visites Golu 

L’amitié à l’honneur

Ce festival a aussi une fonction sociale où l’amitié et le partage sont à l’honneur. Lors de Golu Hopping, on se rend visite pour admirer les arrangements de figurines. L’année dernière j’ai été invitée par Rama a découvrir ses figurines. Jusque là je n’avais vu ces figurines que sur les étalages de Little India. Et honnêtement, je ne savais pas quel était leur rôle.

Rama et ses Bommai Golu… Photo Rama Srinivasan

Une vraie fête!

C’est dans le salon de Rama que j’ai non seulement découvert un festival, une tradition familiale mais aussi un « un art narratif » d’une richesse inouïe.  Grâce à la gentillesse et la patience de Rama, ces figurines en terre cuite m’ont fait entrevoir les mythes hindous sous un nouvel angle. J’ai aussi constaté les liens qui se tissaient durant ces visites. Elles ne se limitent nullement à admirer des figurines, elles sont une fête.

Car pendant tout le festival, les dames indiennes se retrouvent chez leurs amies et connaissances pour bavarder, boire du thé et déguster de petits plats et gâteaux. Le tout vêtues de leur plus beau saree…Faites-vous inviter!

Le festival Bommai Golu est une vraie fête. Photo de 2019 Rama Srinivasan

Le soir de Vijayadashami, le dixième jours de Navartari marque la fin du festival. Ce jour-là, chaque figurine est soigneusement emballée et rangée dans un coffre. Elle y attendra endormie son réveil l’année suivante. 

Comme des santons de Noël

En effet, il n’y a pas qu’en occident que des figurines témoignent à la fois de spiritualité, de la foi et d’un savoir-faire régional qui se perpétue de génération en génération. Même si tout semble les séparer ces figurines Golu m’ont rappelé les crèches de santons de mon enfance. Aussi bien Golu que santons provençaux sont en terre cuite ou argile, les deux exposés une fois l’an pour une fête religieuse dans le salon, mettent en scène un épisode transmis par un texte religieux. Et comme pour les Golu, le monde moderne fait aussi incursion dans notre tradition santonnière occidentale avec différents personnages du village et leurs vieux et moins vieux métiers.  

Santons – Photo Marie-Hélène Mansard

A quelques pas du magasin Jothi se situe l’Indian Heritage Center, profitez de votre visite pour y faire un tour et relire notre article dédié à ce centre culturel du patrimoine.

Caroline Carfantan

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