Après Sex and Vanity de Kevin Kwan, Charlie Chan Hock Chye, une vie dessinée de Sonny Liew, Singapour Livre continue la lecture d’auteurs singapouriens ou vivant à Singapour.
Le pitch de ce premier roman de Lauren Ho est un mix entre « Le Journal de Bridget Jones » et « Crazy Rich Asians ».
Et oui, il y a des analogies, comme pour Bridget Jones, il s’agit du journal intime d’une trentenaire célibataire – Andrea Tang – et comme pour Crazy Rich Asians, l’histoire se situe à Singapour. Mais bien qu’Andrea ait des amis fortunés, les similitudes s’arrêtent là.
Last Tang Standing énumère par le biais de l’humour – parfois un chouïa corrosif – la pression que subissent les femmes actives célibataires d’origine chinoise à combler les attentes de leurs parents et de la société en général.
Le ton est donné dès le premier chapitre. Pendant les fêtes de famille du Nouvel An chinois Andrea Tang (l’héroïne) subit le harcèlement familial des « Catherinettes ». Sheng Nu – qui se traduit littéralement, « dont personne ne veut » – est le terme chinois, utilisé pour ce phénomène. Comme si une femme célibataire diplômée, indépendante financièrement, à plus de 27 ans avait dépassé en quelque sorte sa date de péremption….
Pourquoi j’ai aimé ?
Parce que c’est un livre drôle sur la famille, l’ambition et l’amour. Bien que le ton soit léger, l’humour décalé, parfois irrévérencieux et même sombre, l’auteur n’hésite pas à aborder des sujets plus complexes tels les mariages inter-ethniques, le divorce et un monde professionnel dominé par les hommes.
Avec Singapour en toile de fond, on se promène à Bukit Timah, dans CBD et Orchard puis dans les bars branchés. Nostalgie de Singapour post-covid.
Les rêves d’Andrea semblent simples. Elle veut “tout’: trouver l’âme sœur et devenir associée dans le cabinet d’avocat où elle travaille. Mais Andrea n’a pas vraiment de vie. Et ses ambitions sont-elles vraiment les siennes?…. Ce n’est qu’à la fin du livre qu’elle prend conscience de ce qu’elle veut de la vie…
Les passages du livre qui valent le détour…
Un bijou : le blind-date d’Andrea avec un médecin organisé par les mères respectives.
La matrice pour Hongbao – les fameuses enveloppes rouges – tenue par une collègue d’Andrea. Rien n’est laissé au hasard. Comme des comptes d’apothicaire, cette liste définit le montant adéquat au dollar près, à donner pour tout cas de figure. Summum de précision, elle couvre non seulement en détail toutes les configurations de mariages mais aussi tout autre évènement que ce soit une Bar Mitzvah ou le passage de la petite souris (sachez que dans ce cas de figure, il faut prendre en compte le coefficient relatif à l’école de votre progéniture…).

Le moins:
Il m’a fallu environ une trentaine de page pour rentrer dans le livre. La mise en contexte des nombreux personnages et les informations servant cadre à l’intrigue prennent le pas sur la narration. Puis le rythme s’accélère. La mayonnaise prend et le plaisir de lire s’installe.
En bref
Un livre léger, dont le message est « vis tes rêves » même si tu es une jeune célibataire à Singapour
Caroline Carfantan