Itinéraire d’un enfant gâté
C’est en 1988 que l’enfant gâté du cinéma français a fêté ses 30 ans de carrière avec un film qui l’a convié à Singapour.
Ce sont 125 minutes nous racontant 50 ans de la vie d’un homme. C’est Claude Lelouch s’interrogeant sur la vie, la sienne, celle des autres, et ce que représente ce cap – ne serait-ce pas plutôt une péninsule?!
Un petit bout d’homme recueilli au pied d’un manège, qui va faire de son mieux pour célébrer la fête foraine, faire fortune et se confronter à de terribles pics de solitude.

Un homme mûr qui croit choisir un raccourci, et qui arpente les 4 coins de la Terre.
🎶 Il aura passé la moitié de sa vie en l’air, en première, entre NY et SG.
Il pensait contrôler son univers, en regardant la ville à l’envers, en haut d’une tour, pas spécialement heureux mais tellement fier.🎵
Il croise un jeune homme qui lui offre de réinventer sa vie, et la sienne au passage, les leurs enfin, en profitant de son raccourci, en évitant les emmerdes.
Revoir le film
C’est le moment de voir ou de revoir le film, parce que le cinéma de Lelouch conjugue plaisir, rire et larmes; parce qu’on a tous matière à revenir sur ses amours, ses enfers, ses enfants.
Quel bonheur de frôler les douceurs coloniales du Raffles qui abrite la tendresse de Belmondo junior mêlée à la frivolité de Lio.
Quelle surprise de rôder sur les hauteurs chaudes et humides de Bukit Brown, même si c’est pour un triste moment fait de pierres et d’encens.
Que la Singapore River y semble claire et verdoyante, si, si, presque! Son clapotis rythme les apparitions fantomatiques du premier amour de notre héros revenu sonder ses souvenirs au-dessus des flots.
Que d’émotions devant la baie avant qu’elle ne le soit, face aux jonques qui jonchent les quais de ce qui est devenu le CBD. Nostalgie des temps anciens … quand tu nous tiens.
Ce film a valu à “Bebel » un César d’interprétation, qu’il s’est offert le luxe de refuser. Il reviendra sur cette acidité comportementale et remerciera l’hommage rendu a sa carrière toute entière en 2017.

Voilà qu’il a choisi de reposer en paix à 88 ans; 8 est par ici un chiffre porte-bonheur; ainsi doublé, serait-ce un itinéraire heureux qui commence pour lui dans l’autre monde?
A.B.