Singapour Live a voulu mieux connaitre Gaëlle, administratrice du groupe Facebook Singapour Nanas. Rencontre étonnante à plus d’un titre, parmi les choiseaux et en musique!

Singapour Nanas

Singapour Nanas, c’est aujourd’hui plus de 8200 membres, dont en moyenne les 3/4 ont été actifs durant le mois précédent. C’est en moyenne une trentaine de posts par jour, pour un peu plus de 300 commentaires par jour. 

Singapour Nanas a été créé à l’automne 2011 par Olivia Lambert Dissescou (la talentueuse dirigeante de l’agence web Our Little Company), en plein boum des groupes Facebook et recul des forums. Gaëlle a rejoint le groupe en 2011 quand il comptait environ 300 personnes et l’équipe d’administratrices en 2012. 

Singapour Live : qu’est-ce que tu aimes et n’aimes pas à propos de Singapour Nanas? 

Gaëlle : Qu’est-ce que j’aime? La liste est longue, mais si je devais choisir un top 3, ce sont les amitiés que j’ai nouées grâce au groupe, l’entraide et la capacité du groupe à trouver réponse à quasi toutes les questions et l’ambiance exceptionnelle du groupe.

Qu’est-ce que je n’aime pas? Question piège, mais on va dire le radar que le groupe semble avoir pour savoir quand je n’ai absolument pas le temps de prendre le temps de modérer, et avoir justement besoin de modération urgente.  Si j’étais superstitieuse, je dirais que ça ressemble à un complot !

Singapour Live : ta plus grande fierté et ta plus grande déception à propos de Singapour Nanas?

Gaëlle : Ma plus grande fierté, récemment, c’est l’effort que toutes les nanas ont mis dans le fait de resserrer les rangs et augmenter la solidarité avec le circuit-breaker.  Ma plus grande déception?  Les départs physiques et virtuels :  je m’attache à toutes les nanas et chaque départ est un peu une blessure. 

Singapour Live : quelle est l’histoire de tes relations et de ton usage des médias sociaux?

Gaëlle : Je suis introvertie jusqu’au bout des ongles, j’adore les gens mais passer du temps avec eux m’épuise.  J’ai mis le doigt dans les réseaux sociaux parce que les gens s’y investissaient…  J’avais commencé via les forums peu après la naissance de ma fille, parce que je venais de déménager et que je cherchais à échanger.  J’ai assez vite découvert que c’est une forme de socialisation qui me convient bien, j’ai d’ailleurs toujours des contacts avec certaines des amies rencontrées à cette époque.

Je n’aime pas le téléphone, je suis nettement plus à l’aise à l’écrit, je suis passée des emails envoyés à la chaine, aux forums, au blog,  avant d’évoluer sur la combinaison actuelle de groupes Facebook, de groupes WhatsApp pour la famille, du blog que je continue à alimenter parce que c’est plus grand plaisir et d’Instagram surtout pour les aventures de mes animaux. 

J’ai mis le doigt dans la modération sans même m’en rendre compte, grâce à des amies m’ont demandé de les rejoindre sur leurs projets.  

Ma philosophie par rapport aux médias sociaux c’est de choisir ce que j’y dit ou pas, de ce que j’y partage en me demandant si ça me poserait un problème de le raconter à des connaissances ou de l’afficher en banderole à ma fenêtre.  C’est de me rappeler que je peux partager mon histoire, mais que celles des autres, ma famille par exemple, ne m’appartient pas et qu’il faut choisir entre anonymiser, ne pas raconter, ou demander le consentement pour en parler. 

Singapour Live : quelles sont tes recommandations pour les nouvelles venues à Singapour? En particulier à propos de leur usage des réseaux sociaux?

Gaëlle : Garder à l’esprit que la communauté francophone Facebook à Singapour est le reflet de la communauté francophone en chair et en os. C’est un peu comme un village, les rumeurs circulent vite, et tout le monde connait tout le monde.  Un des pièges dans lesquels tombent pas mal de nouvelles, c’est par exemple de ne pas réaliser que le personnel féminin de l’IFS ( ex- LFS)  est sur le groupe et de venir y exposer les difficultés rencontrées à l’école. 

Singapour Live : quand es-tu arrivée à Singapour? dans quelles circonstances?

Gaëlle : Je suis arrivée il y a quasi exactement 11 ans, avec juste mon mari et ma fille…  Il avait été muté par son employeur. Nous venions de Hong Kong, où nous vivions depuis 3 ans, et c’était alors notre première expatriation hors de notre Suisse natale. Nous sommes ensuite en quelque sorte tombés amoureux de Singapour, nous nous sommes enracinés et nous ne sommes pas repartis…

Singapour Live : qu’est-ce que tu aimes à Singapour?

Gaëlle : Pêle-mêle et sans aucun espoir d’être exhaustive : le melting pot des cultures, la jungle au détour du jardin, le Durian – oui, je l’avoue je fais partie des amateurs – , le grand écart entre l’ambiance au centre et dans les heartlands.  C’est la piscine en bas de l’immeuble, la natation est le sport que je pratique le plus, c’est le green corridor à 500m de chez moi, notre quartier Bukit Panjang, c’est la multitude d’espèces d’oiseaux.  C’est les desserts malais, le chicken rice…  

Singapour Live : nous suivons toutes avec intérêt les aventures des choiseaux . Comment est né ton intérêt pour les animaux?

Gaëlle : Honnêtement, il a toujours été là, j’ai grandi avec des chats, j’ai ramené je ne sais pas combien d’animaux en détresse à ma maman.   Après notre arrivée à Singapour, on avait décidé de prendre un chien. Il est toujours là, sauf que jeune chiot débordant d’énergie, il s’est un peu transformé en petit vieux grognon, dont la principale passion est de larver sur le canapé. On en est resté là pendant longtemps, mais quand on a changé de quartier il y a 7 ans, sans qu’on en prenne vraiment conscience, la troupe a commencé à s’agrandir

La pomme n’est pas tombée loin de l’arbre pour ma fille, donc elle me ramène au moins autant, si ce n’est plus d’animaux en détresse.  Plusieurs d’entre eux sont toujours là d’ailleurs. 

Les choiseaux

Singapour Live : quel rôle joue la musique dans ta vie? qu’est-ce que tu aimes? qu’écoutes-tu en ce moment?

Gaëlle : J’en écoute quasi toute la journée, avec une tendance avouée à chanter avec, pas toujours juste.  Je touche quasi à tout, selon les jours et l’humeur, mes playlists passent du classique au hard rock, du rap à la pop… et couvrent au moins six décennies.  De nos jours sur les heures de réveil des perruches, ce sera surtout de la pop parce que c’est leur genre préféré, de la même manière que lorsque ma fille était petite, c’était plutôt Disney et Henri Dès.  

Je suis tombée dedans quand j’étais toute petite, en particulier grâce à mon papa, et je me suis fait un plaisir de transmettre ça à la génération suivante. On a passé des soirées entières en famille à explorer les clips de nos coups de cœur passés et présents. 

La musique me permet de me concentrer, de m’évader, de gérer les agressions sensorielles en extérieur.  Quand je n’en écoute pas, j’ai un peu une bande-son qui tourne d’office dans ma tête, et le DJ a parfois un drôle de sens de l’humour, parce que la chanson qui vient en tête rajoute souvent un effet comique à la situation dans laquelle je suis. Souvent aussi, ma bande-son interne reflète mes émotions. 

Singapour Live : quelle personne admires-tu le plus? pourquoi?

Gaëlle : Je vais être affreusement cliché et je vais dire ma fille et mes parents.  Mon papa qui m’a donné quelques clés pour assumer de sortir des normes, ma maman pour nous avoir tant donné de choses qu’elle n’avait pas eu, et un certain nombre de clés pour faire semblant de me fondre dans la norme quand c’était vraiment nécessaire.

Ma fille, parce qu’elle sort encore plus des normes que moi, et qu’elle a une énergie sans fin pour remettre l’ouvrage sur le métier et surmonter les obstacles sur son chemin, alors même que beaucoup de gens, en particulier quand elle était plus jeune, ignoraient tout de l’effort que ça lui coûtait.  L’adulte qui s’esquisse, son sens de l’humour féroce, sa passion… Et tout ce qu’elle m’a réappris sur moi, parce que pour être le plus possible la maman dont elle avait besoin; j’ai redécouvert plein d’aspects de moi-même que j’avais enterrés.  

Singapour Live : quelle est la question que tu aurais aimé que je te pose et que je ne t’ai pas posée?

Gaëlle : Je suis autiste.  Je refuse de dire Asperger, parce qu’Asperger était un sympathisant nazi, et que dans la communauté autiste revendiquer l’étiquette asperger, c’est un peu l’équivalent de la suprématie blanche.  J’ai été identifiée sur le tard suite au diagnostic de ma fille, comme beaucoup de femmes. 

J’ai la chance de vivre une vie dans laquelle le revendiquer ouvertement est possible, donc je le fais, pour contribuer à l’évolution la représentation des autistes. Dur d’être crédible dans mon affirmation à ma fille qu’elle est parfaite comme elle est, si par ailleurs moi j’ai honte de qui je suis. 

Comme pas mal de personnes identifiées tardivement, ça a été un immense soulagement. Comme si j’avais enfin reçu le bon manuel de fonctionnement de mon cerveau et que tout faisait enfin sens.  

Si tu as envie d’en savoir plus, de passer au-delà des stéréotypes toujours trop présents dans le monde francophone, je recommande deux livres en français : l’excellent « Neuro-tribus » de Steve Silberman, qui vient d’être traduit, et le livre de Julie Dachez, « Dans ta Bulle! »

Singapour Live : quelle est ta formation, ton expérience professionnelle ?

Gaëlle : A la base, je suis employée de banque, mais je n’ai plus bossé dans ma branche depuis bientôt 20 ans. Depuis un peu plus de 15 ans, je fais de la modération bénévole d’abord sur les forums, puis sur les groupes Facebook. L’avantage, c’est que pour la modération, la tendance de mon cerveau à emmagasiner sans trop d’efforts une sacrée quantité d’informations, et qui m’a valu des surnoms d’encyclopédie sur pattes depuis toute petite, est devenue un atout. 

Et puis j’écris, surtout sur mon blog : http://merichan.com, et sur des projets que peut-être un jour,  je pourrai faire lire à d’autres dès que je me sentirai suffisamment à l’aise avec cette idée. 

Singapour Live : quels sont tes projets pour le futur?

Gaëlle : finaliser certains de mes projets écrits et oser les lancer pour qu’ils volent de leurs propres ailes dans le vaste monde.  

Propos recueillis par Marie-Hélène Mansard

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