La quarantaine offre son lot de petites joies quotidiennes…trois fois dans la journée, l’arrivée du plateau repas. Un peu comme en avion, le bruit du chariot, l’agitation dans le couloir annoncent le cadeau ! Mais là, ni hôtesse ni steward. Les employés chargés de la distribution ont des consignes : discrétion absolue, zéro contact avec l’ennemi. Juste un petit coup de sonnette pour signifier que la pitance est servie et sans doute, un sprint.

Ding dong, on sonne à ma porte. Je me précipite pour l’ouvrir, J’en oublie de porter mon masque normalement obligatoire pour récupérer le butin. On ne sait jamais, je pourrais contaminer les mouches. En passant, sachez que j’en suis aujourd’hui à mon 5e test en 10 jours, négatif comme tous les précédents. C’est louche, non ? C’est ce que doit penser le gouvernement pour m’en imposer un 6e avant ma sortie.
Je récupère mon cadeau, passe en revue les cases du plateau. Miam miam, je vais encore me régaler. Curry, nems, légumes sautés, riz : tout me convient. Mieux que sur Air France. Même si un p’tit verre de vin ne serait pas de refus…Je me fais une raison. Le coup de rouge, indispensable en avion pour les coups de mou (je suis aviophobe) devient facultatif en quarantaine (je suis quarantinovore).
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J’aspire goulument mon plateau et le repose vide et bien léché devant la porte où il sera récupéré et remplacé par le suivant.
Je fréquente de temps à autre un groupe Facebook Quarantine in Singapore et on s’y plaint beaucoup des repas : trop gras, trop protéinés, pas assez variés…Alors certains jours, on jette et on commande autre chose. Et c’est ainsi que les expats, qui se revendiquent pour une bonne majorité eco friendly, participent au gâchis alimentaire dont Singapour est un champion toutes catégories : 600 000 tonnes de nourriture jetées chaque année. 100kg par personne. Je ne veux pas être donneuse de leçon – d’ailleurs je ne suis pas complètement éco-responsable, je n’ai pas de « Veja » aux pieds – mais c’est un peu choquant.
J’ai découvert avoir autour de moi des pratiquantes du jeter/remplacer.
« Du riz tous les jours, c’est pas possible, alors je rends le plateau et je commande autre chose, m’explique l’une d’elles.
Curieuse, je demande : et tu commandes quoi ?
Des sushis, me répond-elle. »
J’en ri(z) encore.
Marie-Odile Genès
*À compter du 22/09 23h59 soyons précis, les 14 jours de SHN peuvent se faire à la maison sous certaines conditions. Pour plus de précisions voir le site de ICA (Immigration and Checkpoints Authority) : safetravel.ica.gov.sg
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