Singapour Live a fait une belle rencontre : Céline Liput, fondatrice et éducatrice de l’école Les Oliviers, qui utilise la méthode Montessori pour l’apprentissage des enfants de 18 mois à 6 ans.

Céline Liput

Singapour Live : Céline, qu’est-ce qui t’a amenée à Singapour ?

Céline Liput : Mon fiancé a eu l’opportunité d’être muté en 2011 de Paris à Singapour par sa société et j’ai pu bénéficier aussi d’une mutation à Singapour dans le cabinet d’audit où je travaillais. Je mesure notre chance d’être arrivés à Singapour avec chacun un job ! Depuis nous nous sommes mariés et nous avons trois filles. J’ai créé l’école Les Oliviers en 2016, puis en 2018 j’ai suivi 14 mois de formation dont six aux Etats-Unis pour être certifiée éducatrice par l’AMI : Association Montessori Internationale, fondée par Maria Montessori elle-même.

SL : Pourquoi et comment passe-t-on de l’audit à l’éducation des petits humains ? C’est vraiment extrêmement différent !

CL : Oui, j’ai fait une école de commerce, obtenu un Master de comptabilité, contrôle et audit ainsi qu’un diplôme d’expert-comptable. J’ai commencé à m’intéresser à l’éducation des jeunes enfants à l’occasion de la naissance de mes propres enfants, et je recherchais une structure qui se préoccupait davantage de l’épanouissement des enfants plutôt que de leur performance. Avec un groupe de parents partageant les mêmes besoins et constats, bientôt l’idée de fonder une véritable école Montessori à Singapour s’est imposée à nous. La rencontre avec une éducatrice AMI a été une révélation. J’ai vraiment trouvé le métier qui s’accorde avec mes valeurs profondes et ma vision à long terme. J’en retiens qu’il faut suivre son instinct et les choses vont se dérouler comme elles le doivent…

à l’école « Les Oliviers »

SL : Parle-nous de Maria Montessori et de la méthode qu’elle a créée.

CL : Maria Montessori est vraiment une personne exceptionnelle ! Elle fut l’une des premières femmes médecins italiennes, contre l’avis de son père, et a rencontré beaucoup d’obstacles lors de sa formation. Elle a bénéficié du soutien de sa mère qui l’a confortée dans cette voie. Maria a commencé à adopter une démarche scientifique en observant comment les enfants apprennent naturellement. On lui a ensuite confié un groupe d’enfants défavorisés, qui ont su lire et écrire alors que leurs parents ne le pouvaient pas. Elle a ensuite formé des éducatrices à sa méthode, qui s’est répandue à travers le monde avec succès, en particulier en Inde où Maria a vécu, en Chine, aux Etats-Unis, en Europe… Les neurosciences ont confirmé les observations de Maria, confortant la pertinence de sa méthode d’apprentissage.

Maria Montessori : « L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais une source que l’on laisse jaillir

Le principe de cette méthode holistique repose sur l’esprit absorbant des enfants de 0 à 6 ans. Jusqu’à 6 ans, l’enfant est un être profondément sensoriel et a besoin de manipuler. Il choisit ce sur quoi il veut travailler et va utiliser le matériel proposé par l’école pour se concentrer et finalement maîtriser différentes compétences. Cette méthode développe l’auto-motivation, la confiance en soi, l’auto-discipline et la résolution de problèmes. L’éducateur agit alors comme un guide, il propose les activités, il observe les enfants se concentrer jusqu’à atteindre, à leur rythme, la maitrise d’une compétence, puis passer ensuite d’eux-mêmes à l’acquisition d’une autre compétence.

SL : Comment reconnait-on une véritable école Montessori ?

CL : Maria Montessori n’a pas déposé son nom ou sa marque, donc n’importe quelle école peut se réclamer d’elle. Pour repérer une vraie école Montessori, il faut la visiter et s’informer de la formation des éducateurs.

Lors de la visite, on doit pouvoir observer 5 zones avec du matériel mis à disposition de l’enfant à tout moment:

  • Aire du langage
  • Aire des mathématiques
  • Aire de la vie pratique
  • Aire sensorielle
  • Aire de la botanique et de la géographie

Les éducateurs et assistants doivent avoir une formation reconnue, de préférence une formation AMI.

Des enfants d’âge différents sont présents dans chaque classe pour développer des valeurs d’entraide, d’empathie et de bienveillance.

« N’élevons pas nos enfants pour le monde d’aujourd’hui. Ce monde aura changé lorsqu’ils seront grands. Aussi doit-on en priorité aider l’enfant à cultiver ses facultés de création et d’adaptation ». Maria Montessori

SG : Est-ce facile de créer une école à Singapour ?

CL : Pas toujours ! Il y a à Singapour un quota d’écoles par district et le local doit être approuvé par les autorités singapouriennes pour la sécurité. Nous avons déjà changé 3 fois de site : Novena, puis Dempsey et maintenant Namly place. Nous pouvons accueillir jusqu’à 30 enfants. Le recrutement des encadrants n’est pas simple non plus, il faut trouver des personnes ouvertes, bienveillantes et formées, et parfois nous les formons nous-mêmes. L’équipe aujourd’hui compte deux éducatrices francophones et trois assistantes anglophones.

SL : Quels sont tes projets pour le futur ?

CL : Je souhaite ouvrir d’autres écoles, anglophones et sinophones, pour répondre à la demande croissante des familles locales et des familles non francophones à Singapour. Pour la rentrée prochaine, l’effectif est presque au complet ! Le concept de boutique-école avec une petite structure plait beaucoup et je préfère créer plusieurs petites écoles plutôt qu’agrandir la structure existante.

SL : Parle-nous de ta vie à Singapour, en dehors de ton travail ?

CL : J’aime beaucoup la verdure, le côté ville-jardin de Singapour. Je marche dans la nature et mon endroit préféré est le cimetière de Bukhit Brown, si vert, si calme. La sécurité à Singapour crée un environnement stable et non stressant qui me convient bien et convient aux enfants. Et j’apprécie le mélange des différentes cultures, aussi la découverte des habitudes culinaires de la région, des épices variées, avec une préférence pour le gingembre. Je lis beaucoup et je pratique un peu de yoga.

SL : Qui est ton personnage imaginaire préféré ?

CL : J’aime bien la famille McLeod dans le livre « Jours de juin » de Julia Glass. Des personnages touchants et qui nous montrent une jolie palette de sentiments humains. De manière générale, j’aime beaucoup les histoires de famille !

SL : Et ta personne réelle préférée ? En plus de Maria Montessori bien sûr ?

CL : Ma formatrice à l’AMI à San Diego est une personne fabuleuse, pour laquelle son travail n’est pas juste un travail, c’est un choix de vie, une sorte de vocation. Aussi ma grand-mère, qui à 86 ans a une joie de vivre et une force phénoménale. Elle a 11 enfants et 25 petits enfants. Ce sont des personnes inspirantes.

SL : Comment trouves-tu ton inspiration ? Comment nourris-tu ta motivation ?

CL : Il faut se faire confiance et écouter sa petite voix, ses envies et son intuition. Les choses qui doivent être vont s’aligner d’elles-mêmes.

Propos recueillis par Marie-Hélène Mansard

Pour en savoir plus sur Maria Montessori : Podcast Une vie une oeuvre de France Culture.

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