LAsian Civilisations Museum (ACM pour les intimes) comme tous les musées de l’île, est fermé jusqu’à nouvel ordre. Le 4 Avril, juste avant le Circuit-Breaker, l’ACM inaugurait deux nouvelles galeries: Fashion & Jewellery.

Singapour Live vous présente sous forme de teaser les coups de coeur de la rédaction choisis parmi les 300 pièces exposées . Une sorte d’avant-première avant la réouverture du musée.

Galerie bling: Bijoux d’Asie du Sud Est

La Jewellery Gallery est la première galerie permanente au monde dédiée aux bijoux de l’Asie du Sud-Est insulaire. Dans cette région du monde, l’énergie artistique est canalisée dans la création de bijoux d’une multitude éblouissante de formes et de styles. Se parer est probablement l’une des formes artistiques les plus anciennes. Depuis la nuit des temps, les bijoux tiennent une place importante au cœur de multiples rituels sociaux . Ils sont plus qu’un ornement corporel jouant un important rôle social, marqueur de prestige et de richesse pouvant avoir dimension religieuse voire surnaturelle et/ou d’appartenance à un clan.

A vous d’en découvrir les différentes facettes (jeu de mots intentionnel) lors de votre prochaine visite à l’ACM…

Nos coups de coeurs Bling

Diamonds are a girl’s best friend!

Ceinture en or et diamants- Singapour- Asian Civilisation Museum
Ceinture en or et diamants Singapour-Image courtesy of Asian Civilisations Museum :

Cette imposante ceinture provenant de Singapour ou du Detroit de Malacca en or et diamants date du début du 20e siècle. Elle a probablement été commandée par le riche épouse d’un Peranakan. Elle comprend des panneaux d’or reliés entre eux et 75 carats de diamants, taille brillant. La boucle ornée d’un paon est détachable et peut être portée en broche.

« Quand on est couronné, on a toujours le nez bien fait » (Charles Perrault)

Couronne indonésienne du XIXe siècle- Singapour- Asian Civilisations Museum
Couronne indonésienne du XIXe siècle-Image courtesy of Asian Civilisation Museum –

Cette magnifique couronne du XIXe siècle provient de l’île indonésienne de Nias. De telles coiffes n’étaient portées que par l’aristocratie féminine du Nias du Sud. Entièrement en or, celle-ci se compose de plusieurs branches d’arbre, d’un peigne vertical, et d’une tige horizontale avec de petits disques, le tout attaché à un bandeau. La forme de l’arbre évoque l’arbre de vie, qui dans l’idéologie et la vision du monde du peuple Nias donne naissance à l’univers entier.

Les habitants de Nias entretenaient une société très stratifiée où l‘or était un signe ultime de noblesse. Le nombre, le type et le poids des ornements que les personnes de chaque rang étaient autorisées à porter étaient strictement définis par la coutume locale. Les historiens pensent que comme on ne connait aucune mine d’or sur l’île, celui-ci provenait vraisemblablement du commerce (principalement d’esclaves et l’huile de noix de coco), d’abord avec Sumatra et plus tard avec les Hollandais.

The bigger the better!

Bracelets de Sumatra en cuivre- Singapour-Asian Civilisations Museum
Bracelets de Sumatra – Image courtesy of Asian Civilisations Museum

Paire de bracelets en cuivre, or, pierres précieuses de Sumatra datant de la fin du XIXe ou début du XXe siècle en cuivre, or, pierres précieuses. Ces grands bracelets creux sont fabriqués à partir de plaques de cuivre recouvertes de feuilles d’or richement décorées. L’or est teinté d’une couleur rougeâtre, une pratique courante dans tout l’archipel malais. Autrefois populaires dans le village de Sungai Puar, les bracelets de cette taille sont aujourd’hui rares dans la région.
Les Minangkabau, qui sont originaires des hautes terres de l’ouest de Sumatra, sont l’une des rares sociétés matrilinéaires qui subsistent dans le monde. Les biens, y compris les bijoux, se transmettent de mère en fille, et la descendance est retracée du côté de la mère de la famille. Tout en étant de fiers musulmans, ils respectent le droit coutumier traditionnel (adat).

Galerie chiffons: vêtements d’Asie

La mode : reflet de l’identité

A travers la mode et les textiles, cette galerie explore l’histoire, les cultures et les identités asiatiques. Par le choix de leurs vêtements, les individus nous donnent des indices sur leurs idées, leur religion, leur statut et classe sociale, leur sexe – et leurs goûts personnels. Elle ne se limite pas au « costume national » mais met en avant comment des styles communément associés à une région incorporent souvent des influences d’autres régions.

La mode : reflet des échanges

La mode des villes portuaires d’Asie a été influencée par les mouvements de personnes, les échanges de marchandises, la diffusion d’idéologies, l’impact du colonialisme et l’évolution des technologies. Les techniques, les dessins, les matériaux, les coutures et les silhouettes ont été empruntés et adaptés d’une culture à l’autre. La mode francaise en a bénéficié comme nous vous l’avions raconté à l’occasion de la magnifique exposition l’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent

Trois questions sur la mode :

  • Quels sont les textiles portés et utilisés dans les différentes régions d’Asie?
  • Comment la mode et les textiles en Asie ont-ils répondu aux changements mondiaux?
  • Comment les styles et les matériaux en provenance d’Asie ont-ils eu un impact sur le monde?

Réponses à la fin du confinement lors de votre prochaine visite …

Nos coups de coeurs: Chiffons

La mode c’est le goût des autres.” (Louis Scutenaire)

Veste en soie XIX Chine- Asian Civilisations Museum-Singapour
Veste masculine en soie XIXe s. Chine- Collection of Chris Hall, image courtesy of Asian Civilisations Museum

Ce vêtement masculin en soie (tissage de satin, brodé avec fil de soie et fils d’or) est porté à la cour en Chine au milieu du XIXe siècle. Il est réservé aux occasions les plus formelles comme une audience à la cour. Sous la dynastie Qing, un code strict et précis « Regulations for Ceremonial Paraphernalia of the Qing dynasty » régit chaque vêtement. Il définit de façon précise qui porte quoi et quand suivant son rang ou sa fonction. Ce règlement spécifie aussi la matière et le design (motifs et coupes). Dans ce contexte la fonction de l’habit n’est pas d’habiller mais la traduction visuelle de la hiérarchie du pouvoir. Par exemple, la couleur bleu-noir de ce vêtement était associée aux nobles et aux fonctionnaires de haut rang.

Copier le look de l’impératrice Cixi!

Robe en soie - Asian Civilisations Museum-Singapour Live
Robe en soie – Collection of Chris Hall, image courtesy of Asian Civilisations Museum.

Cette robe en soie datant de 1890-1905 reflète le look de l’époque: les nouvelles tendances en matière de couleurs et les innovations technologiques occidentales. Les colorants synthétiques brillants comme ceux utilisés ici ont été inventés en Angleterre en 1856, et introduits en Chine en 1871. Chaque motif a sa signification. Les chauves-souris qui par homophonie évoque le bonheur sont ici multipliées par les caractères wan signifiant « 10 000 »! Les chrysanthèmes sont symboles de longévité . Ils représentent aussi l’automne.
L’impératrice chinoise Cixi aimait beaucoup ce style. Elle était ce que de nos jours on qualifierait de trendsetter avec un faible pour les tons pastels, dont le mauve…

« Le style est le vêtement de la pensée« . (Sénèque)

Veste Mao- Asian Civilisations Museum-Singapour Live
Collection of Chris Hall, image courtesy of Asian Civilisations Museum.

Drôle de choix me direz-vous. Pas vraiment… Sous la direction de Mao Zedong (à la tête de la Chine de 1949 à 1976), les idéaux communiste d’une société égalitaire ont balayé la Chine. Les vêtements chinois sont réduits à quelques modèles d’uniformes, dont l’emblématique « veste Mao« . Par son look, celle-ci efface les différences de style, de sexe et de classe. Le culte de personnalité associé à Mao a fait de lui une fashion icon. Les œuvres d’art et les chansons de l’époque célèbrent le « Grand Leader ». Le costume gris qu’il porte le 1er octobre 1949 pour annoncer la victoire du parti communiste devient instantanément populaire. Un must have comme dirait ma fille.

À visiter dès la fin du confinement

Pour l’esthète curieux ces galeries sont la découverte de nouvelles grammaires stylistiques, références aux mille circonvolutions. Au XVIIIe siècle le mot « chinoiserie » devient le terme désignant l’influence de l’art oriental (tous pays d’Asie confondus). Depuis les esthétiques européennes et orientales fusionnent avec grâce, dialoguent sur un ton léger. Souvent la mode est au premier plan. L’exposition l’Asie rêvée d’Yves Saint Laurent en est le parfait exemple. N’hésitez pas à le relire sur SG Live!

Petit conseil de la rédaction: profitez du savoir des guides bénévoles de Friends of the Museum pour pleinement profiter de votre visite!

Caroline Carfantan

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