J’ai rencontré Catalina Tong à l’occasion de la visite de mes parents qu’elle a guidés à Singapour et lors d’une visite récente du quartier de Jalan Besar. J’ai pu apprécier son tact, sa culture et sa curiosité et j’ai voulu en savoir plus sur son parcours.

Catalina nait à Hong Kong ou elle passe les 6 premières années de sa vie. Ensuite sa famille s’installe en Belgique où elle va faire ses études jusqu’à obtenir un master en macro-économie. D’où son français parfait.

Titulaire d’une bourse de commerce par la fondation Roi Beaudoin, elle est recrutée par une société pétrolière belge et s’installe à Singapour où elle rencontre son futur époux, singapourien. Après plus de 10 ans de vie professionnelle dans le domaine pétrolier à Singapour, elle décide de faire une pause dans sa carrière et de s’occuper de ses enfants.

A l’occasion de l’organisation de visites pour les camarades de classe de ses enfants, Catalina Tong se découvre une passion pour le patrimoine culturel de Singapour et entame plusieurs formations FOM (Friends Of Museum).

Shophouses à Jalan Besar

Catalina Tong guide régulièrement pour l’AFS, organise des visites privées et fait partie d’un groupe de guides de musées en langue française pour Singapour, l’Indonésie, la Malaisie et la Thaïlande. Avoir vécu en Europe lui permet d’apporter un éclairage différent sur l’influence de l’Europe sur l’architecture en Asie, héritage de l’époque coloniale : néo palladianisme, néo classique, bungalow Black and White tropicalisé, shophouses, art déco, que l’on retrouve dans de nombreux bâtiments publics et même dans certains HDB à Singapour.

C’est une passion familiale: deux de ses oncles sont architectes, et l’un de ses fils vient d’être admis à NUS pour étudier l’architecture. Tous les ans, des voyages culturels en famille partout dans le monde ont permis de développer cet intérêt pour l’architecture pour tous les membres de la famille.

Singapour Live (SL): Catalina, y a-t-il un endroit méconnu à Singapour que tu recommandes de visiter?

Catalina Tong (CT): Les Black and White de Goodwood Hill dont les habitants ont conscience d’être les gardiens d’un patrimoine historique et sont prêts à partager et parfois, à ouvrir leur porte.

Wheeler’s Estate

SL : Une expérience gustative et architecturale?

CT : Prendre un brunch au Wheeler’s Estate, une belle bâtisse Black and White.

SL : Un endroit relaxant?

CT : Pulau Ubin sans hésiter. Une plongée dans le Singapour des années 50 et dans la nature.

Outre son intérêt pour l’architecture et l’histoire, Catalina Tong a une passion pour les oiseaux. Elle a commencé par recueillir des oiseaux blessés et partage maintenant son appartement au 42eme étage avec sept volatiles : un moineau, un pinson, une perruche, un inséparable, un toui céleste, un souimanga et un bulbul goiavier.

Sieste de Blu le toui céleste pendant que Catalina suit un cours d’ornithologie.

Elle est connue dans son quartier pour cela et les voisins lui apportent souvent des oiseaux blessés ou tombés du nid. Et elle n’hésite pas à voyager à l’autre bout du monde pour voir des espèces d’oiseaux qui l’attirent.

SL : Catalina, quel est ton personnage de fiction préféré?

CT : Tintin! D’abord, il est belge, curieux, fidèle, il aime voyager et son meilleur copain s’appelle Tchang.

SL : Et ton personnage réel préféré?

CT : Alfred Russel Wallace. C’est un naturaliste, contemporain et admirateur de Charles Darwin, qui a beaucoup voyagé en Malaisie et Indonésie. Il est resté huit ans dans la région couvrant Singapour, la Malaisie moderne, l’Indonésie et le Timor oriental. On lui doit la « ligne Wallace », qui sépare la faune australienne de celle de l’Asie. Il a vécu à Singapour pendant presque un an et a répertorié plus de 700 espèces de coléoptères. Il est connu pour avoir conçu la théorie de l’évolution via la sélection naturelle et avoir publié conjointement avec Charles Darwin en 1858. C’est un héros méconnu dans l’ombre de Darwin qui était lui plus riche et plus célèbre. Singapour a donné son nom au Wallace Eduction Center dans la réserve naturelle de Bukit Timah. Pour en savoir plus, allez sur ce site: Wallace Online.

L’an dernier, Singapour a inauguré une magnifique statue en bronze de Wallace et son assistant malais au musée d’histoire naturelle Lee Kong Chian Natural History Museum (LKCNHM). 

Statue de Wallace avec son assistant Ali (au musée d’histoire naturelle de Singapour). Il montre du doigt un oiseau de paradis.

SG : Qu’as-tu fait pendant le circuit breaker, alors que les visites guidées ne pouvaient pas avoir lieu?

CT : J’ai pris des cours d’ornithologie. J’ai aussi commencé à étudier les papillons et les étoiles de mer. Je me suis beaucoup promenée en bord de mer à marée basse.

Etoile de mer à bosses, marée basse à Singapour

SG : Quels sont tes projets?

CT : Voyager dès que cela sera possible et voir les oiseaux de paradis en Papouasie. Je prépare ce voyage depuis longtemps. Continuer à étudier les papillons aussi, je crois que c’est ma prochaine passion.

Le Voilier échiquier (Papilio demoleus) qui a suscité l’intérêt de Catalina pour les papillons.

SG : Y a-t-il une question que tu aurais voulu que je te pose et que je n’ai pas posé?

CT : Je crois beaucoup à la sérendipité. Chacun de mes centres d’intérêt est venu à moi : d’abord un oiseau il y a des années, qui est rentré dans mon appartement au 42eme étage. Et plus récemment, un papillon. Ça fait haut pour un papillon!

Propos recueillis par Marie-Hélène Mansard

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